Bienvenue dans notre série podcast « Dynamiser son enseignement avec la vidéo » ,
un podcast consacré à la conception de vidéos pédagogiques accessibles et engageantes.
Aujourd'hui, nous retrouvons André Tricot et Franck Amadieu, enseignants-chercheurs en psychologie cognitive,
pour explorer les avantages uniques de la vidéo dans l'apprentissage.
Comment une vidéo peut-elle rendre un concept abstrait plus concret ?
Comment est-elle à comprendre des phénomènes dynamiques ou encore à apprendre par imitation ?
De l'effet de réalisme à l'autoscopie, découvrez pourquoi la vidéo est bien plus qu'un simple support,
mais un véritable levier pour apprendre autrement.
C'est parti pour l'épisode 3 de la série podcast « Dynamiser son enseignement avec la vidéo »
créé par le service ICAP de l'université Claude Bernard-Lyon 1.
Bonjour Franck Amadieu, pourriez-vous nous expliquer quel est l'avantage d'intégrer la vidéo dans un environnement d'apprentissage ?
Alors l'usage de la vidéo, je dirais, il peut être multiple.
Et la vidéo est extrêmement vaste.
En fait, c'est comme quand on parle un petit peu du livre.
En fait, on peut faire référence à énormément d'ouvrages différents, adaptés à des personnes différentes,
avec des contenus très différents.
La vidéo, c'est un peu la même question.
Et en fait, la vidéo peut avoir plusieurs fonctions pédagogiques.
Elle peut avoir une fonction pédagogique première,
qui est de pouvoir présenter des informations que j'aurais du mal à présenter autrement.
C'est-à-dire que je vais présenter un mouvement, une dynamique, une procédure, par exemple,
que j'ai du mal à expliquer avec des mots ou que j'ai du mal à décrire avec un texte, par exemple,
ou certains schémas qui sont statiques.
Donc la vidéo va apporter une nouvelle dimension qui me permet de véhiculer des informations auprès des
apprenants que j'avais du mal à faire autrement.
Ça c'est vraiment un point intéressant.
Je prends souvent comme exemple, quand j'interviens dans une conférence ou autre, le galop du cheval.
Et vous avez une version statique, c'est-à-dire vous avez des images qui décomposent le galop du cheval,
mais on ne voit pas la dynamique, on ne voit pas le mouvement, puisqu'on a une succession d'images mais qui ne sont pas mis en mouvement.
Donc on a du mal à se représenter mentalement.
Quelle est la dynamique du mouvement ?
Est-ce qu'il y a des accélérations des moments, des ralentissements ?
Ce qu'on voit, c'est des états figés.
du galop.
Alors que quand je mets en route la vidéo, je vais pouvoir justement montrer cette dynamique,
révéler cette dynamique que je n'arrivais pas à montrer à l'aide d'images.
Un autre intérêt effectivement de la vidéo, si elle est bien conçue, on en reparlera,
elle peut être justement intéressante pour compléter différents supports,
différents apprentissages que j'ai fait en amont.
C'est-à-dire que la vidéo, elle n'est pas forcément là pour remplacer.
des supports, elle peut être là pour compléter.
Donc c'est pour ça que je pense que la vidéo peut être intéressante pour présenter d'une manière différente ce qu'on a vu par exemple en cours,
ce qui permet aussi aux apprenants à les exercer, à faire du transfert.
C'est-à-dire, j'ai compris dans un certain contexte.
Maintenant j'ai dans une vidéo le même genre d'information mais présentée différemment, qui est dynamique.
Est-ce que je suis capable de redonner du sens à ce qu'on me montre en vidéo par rapport à ce qu'on a étudié avec les documents classiques ?
Et donc la vidéo peut être intéressante aussi de ce point de vue-là puisqu'elle rajoute une nouvelle façon d'aborder le contenu.
Et pour vous André Tricot, quels sont les avantages pédagogiques du fait d'intégrer la vidéo comme support dans une formation ?
Les avantages de la vidéo sont
assez bien définies aujourd'hui.
Le premier avantage,
c'est l'utilisation de la vidéo pour produire un effet de réalisme.
Il y a beaucoup de disciplines académiques dans lesquelles ce qu'on apprend peut être
relativement abstrait.
Produire du réalisme, produire un effet de réalisme, c'est-à-dire tout simplement témoigner,
documenter,
c'est le premier avantage de la vidéo qui nous paraît banal aujourd'hui,
mais il faut tout simplement se rappeler qu'il y a 30-40 ans,
c'était très difficile en certaines disciplines de produire cet effet de réalisme.
Ça c'est le premier effet qui est bien connu, bien documenté.
Le deuxième effet,
c'est que la vidéo permet très aisément,
et vous me permettrez de généraliser avec la vidéo et la simulation,
si je mets ensemble cette capacité qu'on a à produire des images dynamiques,
que ce soit de la vidéo dans le sens une image filmée,
ou l'animation dans le sens une image conçue.
C'est la capacité que nous offrent ces supports-là à
représenter des phénomènes dynamiques et complexes, et ou complexes.
Là aussi, il y a beaucoup de disciplines où,
à l'époque du tableau et du feutre,
l'exemple qui est le plus connu, c'est bien entendu l'enseignement des sciences physiques.
Étudier un phénomène dynamique complexe quand on ne peut pas le représenter, c'est très difficile.
Et grâce à ces outils, on peut les représenter.
Et le troisième avantage, c'est qu'on se rend compte de façon de plus en plus nette
que la vidéo est un bon support pour ce qu'on appelle l'apprentissage
par imitation.
C'est-à-dire tous ces apprentissages moteurs, ces apprentissages de gestes,
ces apprentissages de déplacement qu'on sait réaliser en imitant autrui.
Mais on se rend compte qu'en visionnant une vidéo, c'est encore mieux.
Parce que non seulement la vidéo permet de faire des pauses, des ralentis,
des retours en arrière, qu'autrui n'est pas forcément capable de faire.
On peut aussi zoomer, dézoomer,
par exemple si ce que vous filmez c'est une course d'appel sur un saut en
hauteur.
C'est beaucoup plus facile de regarder quelqu'un à la vidéo que de le regarder dans la réalité.
Et directement associé à ça,
c'est une autre fonction de la vidéo qu'on oublie parfois, qui est en lien...
Vraiment direct avec ça,
c'est la vidéo utilisée dans sa fonction d'autoscopie, c'est se regarder soi-même.
Si je reprends l'exemple de la course d'élan,
mais on peut aussi dans les études en médecine se filmer en train de réaliser un point de suture,
je me filme et je regarde ce que je viens de faire.
Et je peux par exemple confronter le point de suture que je viens de faire à une vidéo
modèle.
Je peux revenir en arrière, je peux faire des pauses, je peux me refilmer dans un deuxième essai.
Voilà les trois grands avantages de la vidéo comme support d'enseignement.
Ce podcast a été conçu par le service ICAP de l'Université Claude-Bernard-Lyon dans le cadre du projet INCLUDE.
Ce projet a été financé par l'Agence Nationale de la Recherche, l'ANR.
au sein du programme France 2030.